Valentine’s Day and the takeover of pagan festivals by the Church

The celebration of Valentine’s Day on February 14 provides us with an opportunity to think about the symbolism of the pagan festivals that were taken over by the Church.

Today, Valentine’s Day is the symbol of lovers, thus, indirectly, the symbol of fertility. According to tradition, Roman Emperor Claudius the Cruel had banned marriages amongst young people on the grounds that married young men were reluctant to enlist in the Roman army. Valentine, a Catholic priest, disobeyed the ban and continued to perform marriages amongst young people. Caught, and condemned by the prefect, he was sentenced to be beaten and beheaded. According to tradition, the sentence was carried out on February 14 of either year 270 or 278. In fact, the very serious Catholic Encyclopedia tells us that there were at least three St. Valentines all martyred on February 14 but in three different places!

 

In ancient Rome February 14 was right in the middle of the festival of the Lupercalia (February 13 – 15). This festival, marking the end of the Roman year, was a celebration of purification, health and fertility. It was celebrated in a cave, most likely situated at the foot of Palatine Hill, called the Lupercal in honor of Lupercus, god of shepherds. The ritual involved the sacrifice of a he-goat by priests clad in goatskins who then anointed two young men, of patrician families, by daubing them with the blood of the sacrificed goat whose skin was then cut up in strips. Upon washing away the sacrificial blood, the youths were to burst out laughing, dress in goatskins and then run, more or less naked, through the streets of Rome using the strips of goatskin to flagellate any woman desiring to bear child within the year!

 

The festival harked back to an even older ritual, one of spring cleaning called Februa, hence the name of the month of February. Thus, beyond purification, the ritual is also a rite of passage: the sacrifice in the cave is of course a symbol of death (remember the initiation rites in the Magic Flute) and the laughter outburst a symbol of resurrection while the he-goat symbolizes fertility.

 

In spite of the ban on pagan festivals in a Rome that had become largely Christian, the festival of Lupercalia continued to coexist with Christianity during several centuries. However, in the fifth century, Pope Gelasius the first (494 – 496) thought that, since the Lupercalia was at that time only observed by the rabble, the original purpose no longer warranted its continued existence. So, he decided to ban the Lupercalia, ordering its replacement by the feast of St. Valentine.

 

The setting of Christmas on December 25th is another example of appropriation of a pagan festival by the Church. The date was chosen to supplant the most important feast of the mithraic cult, that of sol invictus or Natalis invicti. The mithraic cult, widespread in Rome and in Asia Minor in the third and fourth centuries, celebrated by that festival the return of the sun triumphing over the winter night. In the Christian world, the setting of Christmas on December 25 occurred sometime during the fourth century. Pope Benedict XVI considers that it was natural to set Christmas on December 25 since it occurs nine months after the Annunciation! Given the number of Church Fathers who have thought that the relation between sol invictus and Christmas is established, we may wonder whether the date of March 25 for the Annunciation is itself either an arbitrary date or an exercise in bootstrapping: after having set Christmas at December 25 why not set the date of the Annunciation at March 25, nine months before!

 

Valentine’s Day and Christmas on not the only two Christian feasts that have supplanted pagan festivals. While there are numerous other examples, let us examine only two additional ones: Rogation Days and the feast of San John the Baptist.

The Rogation Days where instituted by the Church to appease God’s anger at man’s transgressions and to obtain bountiful harvests. In England, these days where known as “Gang Days » and “Cross Week », and in Germany as it Bittage, Bittwoche, Kreuzwoche. There were two Rogation Days: the Major Rogation Day on April 25 and the Minor Rogation Days which occurred during the three days preceding the feast of the Ascension. According to the Catholic Encyclopedia, the Rogation Days « have been introduced to counteract the ancient Robigalia, on which the heathens held processions and supplications to their gods » for bountiful harvests and, in the case of Minor Rogation Days, for the avoidance of late frosts. In Rome, the Robigalia were held on the same days as the Major and Minor Rogations and the Major Rogation Day procession used the same itinerary in the city of Rome as did the supplanted pagan festival!

 

As a last example of appropriation, let us examine the one pagan festival that resisted for a very long time its supplantation by a Christian feast: the Scandinavian feast of the summer solstice on June 21. Today, the feast of St. John the Baptist on the same day has replaced it.

 

It is interesting, as well as enriching, to think back on the symbolism of the pagan festivals that have been supplanted by Christian feasts.

 

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La Saint-Valentin et l’appropriation des fêtes païennes par l’Église

La fête de la Saint-Valentin est pour nous l’occasion de réfléchir aux fêtes païennes que l’Église par la suite a transformées en fêtes chrétiennes. Traditionnellement, la Saint-Valentin, aujourd’hui symbole des amoureux et donc indirectement de la fertilité, commémore les actions du prêtre Valentin à Rome lorsque l’empereur Claudius II Le Cruel avait interdit les mariages au motif que les jeunes gens mariés ne s’enrôlaient plus dans l’armée romaine. Valentin avait désobéi au décret et avait continué à célébrer le mariage de jeunes gens. Arrêté, puis condamné par le préfet, il fut d’abord roué de coups et puis décapité. Cette sentence fut exécutée le 14 février de l’an 270 ou 278. En fait, selon la très sérieuse Catholic Encyclopedia, l’origine et l’identité de Saint-Valentin relèvent du mystère puisque selon les Vies des martyrs antiques, il y aurait eu au moins trois Saint-Valentin tous martyrisés le 14 février mais dans des lieux différents !

Dans la Rome antique, le 14 février se situait au milieu de la fête des Lupercales (13-15 février). Cette fête de la fin de l’année romaine était une fête de purification, de santé et de fertilité. Elle se célébrait près d’une grotte appelée le Lupercal, probablement située au pied du Mont Palatin, en l’honneur du dieu des troupeaux Faunus Lupercus. Le rituel de la fête prévoyait le sacrifice d’un bouc dans la grotte où selon la légende la louve avait allaité Romulus et Remus. Après le sacrifice, les deux jeunes patriciens qui assistaient uniquement vêtus d’une peau de bouc, se faisaient toucher le front par le prêtre sacrificateur avec le couteau sacrificateur puis celui-ci enlevait le sang et alors les jeunes gens avaient l’obligation de rire aux éclats. Ensuite, armés de lanières de peau de bouc, les jeunes gens se mettaient à courir nus dans Rome, fouettant les femmes qui souhaitaient avoir un enfant dans l’année.

La fête reprenait un rituel plus ancien encore de nettoyage de printemps appelé Februa d’où le nom du mois de février. Ainsi, outre la purification, le rituel est aussi un rituel de passage : le sacrifice dans la grotte est bien entendu symbolique de la mort, le rire aux éclats, qui survient après la purification, symbolise la résurrection et le bouc la fertilité.

Malgré l’interdiction des fêtes païennes dans une Rome devenue largement chrétienne, la fête des Lupercales continua à coexister avec le christianisme pendant de nombreux siècles mais au cinquième siècle, le pape Gélase Ier (494-496) estimant que la fête des Lupercales n’était plus observée que par le bas peuple a décidé d’interdire celle-ci et de la remplacer formellement par la fête de la Saint-Valentin.

La fixation de la fête de Noel au 25 décembre est un autre exemple d’appropriation : la date a été fixée pour supplanter la fête du culte mithriaque du sol invictus ou du Natalis Invicti. Le culte mithriaque, très répandu à Rome et en Asie Mineure au troisième et quatrième siècles, célébrait par cette fête le retour du soleil qui triomphait de la nuit de l’hiver. Dans le monde chrétien, la fixation de Noël au 25 décembre ne s’est effectuée au cours du quatrième siècle. Le Pape Benoît XVI considère que la fixation au 25 décembre est naturelle : c’est 9 mois après l’Annonciation !Au vu des nombreux auteurs, Pères de l’Église, qui ont estimé la relation entre le sol invictus et Noel comme établie, on peut aussi se demander, si la date du 25 mars pour l’Annonciation n’est pas aussi une date de convenance plutôt qu’une date historiquement prouvée.

Comme le fait remarquer l’historienne Anne Morelli, la fête de la Saint-Valentin est loin d’être la seule fête païenne à avoir été reprise par l’église catholique. Dans son intéressant article « La réinterprétation chrétienne des fêtes antérieures au christianisme » (cliquez ici pour lire l’article), elle souligne que les rogations et les litanies sont à l’origine des fêtes romaines connues sous le nom d’ambarvalla. Les rogations sont des prières publiques pour attirer la bénédiction divine sur les récoltes. La grande rogation est célébrée le 25 avril, fête de la Saint Marc. À cette date, à Rome, il y avait une grande procession qui sortait de Rome et lorsque le la fête païenne fut supplantée par la grande rogation celle-ci a continué d’emprunter le même itinéraire ! Les petites rogations, ou litanies, avaient lieu les trois jours précédents l’Ascension et correspondent à l’époque des gelées tardives que redoutent tant les agriculteurs.

Anne Morelli ne se contente pas de répertorier les fêtes romaines ou mithriaques qui ont été appropriées par le christianisme mais souligne à en outre l’importance des fêtes païennes venant de la Scandinavie et, bien entendu, de l’héritage judaïque. C’est ainsi qu’elle rappelle que la fête du solstice d’été le 21 juin a très longtemps résisté avant d’être reprise par le christianisme devenu la fête des feux de la Saint-Jean.

Ainsi, réfléchir au symbolisme des fêtes païennes qui ont pu être supplantées par les fêtes chrétiennes est un exercice intéressant et enrichissant.

 

La fête de la Saint-Valentin est pour nous l’occasion de réfléchir aux fêtes païennes que l’Église par la suite a transformées en fêtes chrétiennes. Traditionnellement, la Saint-Valentin, aujourd’hui symbole des amoureux et donc indirectement de la fertilité, commémore les actions du prêtre Valentin à Rome lorsque l’empereur Claudius II Le Cruel avait interdit les mariages au motif que les jeunes gens mariés ne s’enrôlaient plus dans l’armée romaine. Valentin avait désobéi au décret et avait continué à célébrer le mariage de jeunes gens. Arrêté, puis condamné par le préfet, il fut d’abord roué de coups et puis décapité. Cette sentence fut exécutée le 14 février de l’an 270 ou 278. En fait, selon la très sérieuse Catholic Encyclopedia, l’origine et l’identité de Saint-Valentin relève du mystère puisque selon les Vies des martyrs antiques, il y aurait eu au moins trois Saint-Valentin tous martyrisés le 14 février mais dans des lieux différents !

Dans la Rome antique, le 14 février se situait au milieu de la fête des Lupercales (13-15 février). Cette fête de la fin de l’année romaine était une fête de purification, de santé et de fertilité. Elle se célébrait près d’une grotte appelée le Lupercal, probablement située au pied du Mont Palatin, en l’honneur du dieu des troupeaux Faunus Lupercus. Le rituel de la fête prévoyait le sacrifice d’un bouc dans la grotte où selon la légende la louve avait allaité Romulus et Remus. Après le sacrifice, les deux jeunes patriciens qui assistait uniquement vêtus d’une peau de bouc, se faisait toucher le front par le prêtre sacrificateur avec le couteau sacrificateur puis celui-ci enlevait le sang et alors les jeunes gens avait l’obligation de rire aux éclats. Ensuite, armés de lanières de peau de bouc, les jeunes gens se mettaient à courir nus dans Rome, fouettant les femmes qui souhaitaient avoir un enfant dans l’année.

La fête reprenait un rituel plus ancien encore de nettoyage de printemps appelé Februa d’où le nom du mois de février. Ainsi, outre la purification, le rituel est aussi un rituel de passage : le sacrifice dans la grotte est bien entendu symbolique de la mort, le rire aux éclats, qui survient après la purification, symbolise la résurrection et le bouc la fertilité.

Malgré l’interdiction des fêtes païennes dans une Rome devenue largement chrétienne, la fête des Lupercales continua à coexister avec le christianisme pendant de nombreux siècles mais au cinquième siècle, le pape Gélase Ier (494-496) estimant que la fête des Lupercales n’était plus observée que par le bas peuple a décidé d’interdire celle-ci et de la remplacer formellement par la fête de la Saint-Valentin.

La fixation de la fête de Noel au 25 décembre est un autre exemple d’appropriation : la date a été fixée pour supplanter la fête du culte mithriaque du sol invictus ou du Natalis Invicti. Le culte mithriaque, très répandu à Rome et en Asie Mineure au troisième et quatrième siècle, célébrait par cette fête le retour du soleil qui triomphait de la nuit de l’hiver. Dans le monde chrétien, la fixation de Noël au 25 décembre ne s’est effectuée au cours du quatrième siècle. Le Pape Benoît XVI considère que la fixation au 25 décembre est naturelle : c’est 9 mois après l’Annonciation !Au vu des nombreux auteurs, Pères de l’Église, qui ont estimé la relation entre le sol invictus et Noel comme établie, on peut aussi se demander, si la date du 25 mars pour l’Annonciation n’est pas aussi une date de convenance plutôt qu’une date historiquement prouvée.

Comme le fait remarquer l’historienne Anne Morelli, la fête de la Saint-Valentin est loin d’être la seule fête païenne à avoir été reprise par l’église catholique. Dans son intéressant article « La réinterprétation chrétienne des fêtes antérieures au christianisme » (cliquez ici pour lire l’article), elle souligne que les rogations et les litanies sont à l’origine des fêtes romaines connues sous le nom d’ambarvalla. Les rogations sont des prières publiques pour attirer la bénédiction divine sur les récoltes. La grande rogation est célébrée le 25 avril, fête de la Saint Marc. À cette date, à Rome, il y avait une grande procession qui sortait de Rome et lorsque le la fête païenne fut supplantée par la grande rogation celle-ci a continué d’emprunter le même itinéraire ! Les petite rogations, ou litanies, avait lieu les trois jours précédents l’Ascension et correspondent à l’époque des gelées tardives que redoutent tant les agriculteurs.

Anne Morelli ne se contente pas de répertorier les fêtes romaines ou mithriaques qui ont été appropriées par le christianisme mais souligne à en outre l’importance des fêtes païennes venant de la Scandinavie et, bien entendu, de l’héritage judaïque. C’est ainsi qu’elle rappelle que la fête du solstice d’été le 21 juin à très longtemps résisté avant d’être reprise par le christianisme devenu la fête des feux de la Saint-Jean.

Ainsi, réfléchir au symbolisme des fêtes païennes qui ont pu être supplantées par les fêtes chrétiennes est un exercice intéressant et enrichissant.